Louis Aragon écrit ce poème (1955) d'après d'une lettre de Missak Manouchian à sa femme avant son éxécution en février 1944.

L'Affiche rouge est une affiche de propagande allemande placardée à Paris au printemps 1944, pendant l'occupation nazie. Elle fut tirée à 15 000 exemplaires. La campagne de l'affiche fait suite à l'arrestation des 23 membres du groupe Manouchian. Francs-tireurs et partisans - Main d'œuvre immigrée, Le réseau Manouchian était constitué de 23 résistants communistes. 20 sont étrangers, des espagnols rescapés de Franco, enfermés dans les camps français des Pyrénées, des Italiens résistant au fascisme, Arméniens, Juifs surtout échappés à la rafle du Vel'd'Hiv' de 1942. Il était dirigé par un Arménien, Missak Manouchian qui faisait partie des mouvements de résistance communiste et était le responsable des FTP MOI de la région parisienne.

Ils ont été arrêtés par la police de Vichy et livrés à l'occupant. Ils sont tombés en combattant à un moment où les résistant(e)s étaient bien rares. Les 22 hommes seront fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien, tandis qu'Olga Bancic, elle sera guillotinée le 10 mai de la même année à Stuttgart, une loi française interdisant alors de fusiller les femmes.

Après leur exécution, les Résistants de l'Affiche Rouge furent chargés sur un camion-benne et jetés dans une fosse commune du cimetière d'Ivry...
Ils sont enterrés dans le cimetière d'Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, où une stèle a été érigée en leur mémoire.

Celestino Alfonso Espagnol de 27 ans
Olga Bancic Roumaine de 32 ans
Joseph Boczov (Boczor József; Wolff Ferenc) Hongrois de 38 ans - ingénieur chimiste
Georges Cloarec Français de 20 ans
Rino Della Negra Italien de 19 ans
Thomas Elek (Elek Tamás) Hongrois de 18 ans - étudiant
Maurice Fingercwejg Polonais de 19 ans
Spartaco Fontano Italien de 22 ans
Emeric Glasz (Békés (Glass) Imre) Hongrois de 42 ans - métallurgiste
Jonas Geduldig Polonais de 26 ans
Léon Goldberg Polonais de 19 ans
Szlama Grzywacz Polonais de 34 ans
Stanislas Kubacki Polonais de 36 ans
Arpen Tavitian Arménien de 44 ans
Césare Luccarini Italien de 22 ans
Missak Manouchian Arménien de 37 ans
Marcel Rayman Polonais de 21 ans
Roger Rouxel Français de 18 ans
Antoine Salvadori Italien de 43 ans
Willy Szapiro Polonais de 29 ans
Amédéo Usséglio Italien de 32 ans
Wolf Wajsbrot Polonais de 18 ans
Robert Witchitz Français de 19 ans

L'occupant avait essayé de dresser la population contre eux avec la célèbre « Affiche Rouge » qui stigmatisait l'origine étrangère de la plupart. À l'heure où en France, les étranger(e)s sont à nouveau suspect(e)s, cette chanson vient nous rappeler le rôle majeur que les étranger(e)s ont joué dans la Résistance Française.

Certes, la situation faite aujourd'hui aux étranger(e)s en France n'est pas celle des années noires de l'occupation. Mais il y a des points communs : faire des étranger(e)s des boucs émissaires, les mettre dans l'illégalité et utiliser tous les moyens de l'Etat pour les traquer. Cette chanson a donc tout à fait son sens à l'heure actuelle, elle nous permet de dénoncer la criminalisation des Sans Papiers et la politique gouvernementale à leur égard.

Les morts de l'Affiche Rouge se battaient au nom de principes universels : le refus de la barbarie Nazie, l'émancipation de l'humanité, le refus de tous les racismes et de toutes les discriminations. Aujourd'hui un seul camp prétend parler au nom du génocide et de ses victimes : c'est le camp de ceux qui défendent inconditionnellement la politique criminelle du gouvernement israélien à l'égard du peuple palestinien. C'est le camp de ceux qui essaient de faire passer les Palestiniens pour les successeurs des Nazis.

Les combattant(e)s de la MOI de toutes origines n'avaient rien à voir avec cette histoire.

Cette chanson nous permet cependant d'apporter notre soutien au peuple Palestinien et de soutenir ceux qui veulent la fin de l'occupation de la Palestine et une paix entre Palestiniens et Israéliens fondée sur l'égalité des droits et la justice.