Paroles & musique Aristide Bruant (1910)
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À partir des années 1830, les canuts lyonnais (ouvriers du tissage), se révoltent à plusieurs reprises pour obtenir une meilleure rétribution de leur travail, toujours refusée sous le prétexte de la concurrence anglaise. Ils luttent également pour pouvoir s'organiser en corporations. Le 23 novembre 1831, ils se rendent maîtres de la ville de Lyon. Les répressions sont sanglantes et donnent lieu à de lourdes peines de prison et de déportation.

Le Chant des Canuts

Pour chanter « Veni creator » il faut une chasuble d’or (bis) Nous en tissons pour vous, gens de l’Église Et nous pauvres canuts n’avons pas de chemise.

C’est nous les Canuts, nous allons tout nus.

Pour gouverner il faut avoir manteaux et rubans en sautoir (bis) Nous en tissons pour vous grands de la terre Et nous pauvres Canuts sans drap on nous enterre

C’est nous les Canuts, nous allons tout nus.

Mais notre règne arrivera quand votre règne finira (bis) Nous tisserons le linceul du vieux monde Car on entend déjà la révolte qui gronde

C’est nous les Canuts nous n’irons plus nus.

Histoire

Ce chant est le procès de la société née de 1789 : la révolution bourgeoise qui mit fin à la société aristocratique, asservit ouvriers et artisans par l'abolition des corporations

Dans les années 1830, les ouvriers tisseurs Lyonnais, les Canuts, vivent dans la pauvreté, ils ont faim et sont soumis à de rudes conditions de travail (ils travaillaient 18 heures par jour) Ceux qui leur vendent le fil et ceux qui leur achètent l'étoffe tissée sont les mêmes marchands. Une minorité de patrons refusait l'instauration d'un salaire minimum, arguant de la concurrence anglaise.

La révolte des Canuts (ou plutôt Les révoltes car les canuts se révoltèrent à de nombreuses reprises )

insurection de novembre 1831

Considérée comme l'une des premières révoltes ouvrières. Les canuts se rendent maîtres de la rue : ils s'emparent d'une caserne et d'armes, tandis qu'une partie de la garde nationale les rejoint. Ils occupèrent Lyon en lançant ce slogan qui sera repris tout au long du XIXème siècle : « le tarif ou la mort ».

"Vivre libre en travaillant ou mourir en combattant !"

Le roi Louis-Philippe Ier envoya Une armée de 26 000 hommes de troupe et 150 canons pour réprimer dans le sang « l'émeute ». Il y a 600 morts et 10 000 personnes sont expulsées de la ville.

Insurection en avril 1834

Après l'échec des grèves de février puis le vote de la loi contre les associations ouvrières, le jugement des meneurs de février, ce 9 avril, met le feu aux poudres. C'est le début de la « Sanglante semaine ».

Adolphe Thiers, ministre de l'Intérieur, va appliquer une tactique qu'il rééditera en 1871 pour écraser la Commune de Paris : se retirer de la ville, l'abandonner aux insurgés, l'encercler, puis tirer au canon pour la reprendre.

La deuxième grande insurrection des Canuts est matée dans le sang. Plus de 600 de victimes sont à nouveau à déplorer. 10 000 insurgés faits prisonniers seront jugés dans un « procès monstre » à Paris en avril 1835, et condamnés à la déportation ou à de lourdes peines de prison.

Insurection en février 1848

Après l'abdication de Louis-Philippe et la proclamation de la République, les Voraces prennent possession de l'Hôtel de ville, de la Préfecture et des forts de la Croix-Rousse.

Acompagnant la révolution de 1848 qui instaurera les Ateliers Nationaux, c'est un véritable retour à une propriété collective pour les ouvriers. Mais les lois économiques et la concurrence du système capitaliste, le manque d'esprit d'entreprise parmi la population depuis le départ des protestants, ne permettront pas à cette révolution d'aboutir à un réel progrès.

Insurrection en juin 1849

Le 15 juin 1849, faisant écho au soulèvement des républicains parisiens, les Voraces appelèrent au renversement du Prince-Président et tentèrent d'organiser une insurrection dont les mots d'ordre furent : « Vive la Révolution démocratique et Sociale. Vive la Montagne ! ». L'émeute, violemment réprimée, marqua la fin de la Société des Voraces.

Pour défendre leur dignité et leurs conditions de vie, les Canuts se sont insurgés. Mais ils ont su aussi inventer des formes inédites d'organisation sociale comme le Mutuallisme, le Conseil des Prud'hommes et les Coopératives.