Paroles & musique Lluis Llach (1968)

Ce chant catalan, interdit en Espagne sous Franco, évoque un pieu à arracher, et vise en réalité le régime franquiste.

L’Estaca

L’avi Siset em parlava de bon matí al portal Mentre el sol esperàvem i els carros vèiem passar. Siset, que no veus l’estaca on estem tots lligats? Si no podem desfer-nos-en, mai no podrem caminar!

Si estirem tots, ella caurà, i molt de temps, no pot durar, Segur que tomba, tomba, tomba, ben corcada deu ser ja. Si jo l’estiro fort per aquí, i tu l’estires fort per allà Segur que tomba, tomba, tomba i ens podrem alliberar.

Però, Siset, fa molt temps ja, les mans se’m van escorxant, I quan la força se me’n va, ella és més ampla i més gran. Ben cert sé que està podrida peró és que, Siset , pesa tant, Que a cops la força m’oblida. Torna’m a dir el teu cant:

Si estirem tots…

L’avi Siset ja no diu res, mal vent que se’l va emportar, Ell qui sap cap a quin indret i jo a sota el portal. I quan passen els nous vailets estiro el coll per cantar El darrer cant d’en Siset, lo darrer que em va ensenyar.

Si estirem tots…

Traduction

Le Pieu

Grand-père Siset me parlait ainsi de bon matin sous le porche Tandis qu’en attendant le soleil nous regardions passer les charrettes. Siset, ne vois-tu pas le pieu où nous sommes tous attachés ? Si nous ne pouvons nous en défaire, jamais nous ne pourrons avancer !

Si nous tirons tous, il tombera, cela ne peut durer plus longtemps C’est sûr il tombera, tombera, tombera, bien vermoulu il doit être déjà. Si tu le tires fort par ici, et que je le tire fort par là C’est sûr, il tombera, tombera, tombera, et nous pourrons nous libérer.

Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps, mes mains à vif sont écorchées ! Et alors que les forces me quittent, il est plus large et plus haut. Bien sûr, je sais qu’il est pourri, mais, aussi, Siset, il est si lourd ! Que parfois les forces me manquent. Reprenons donc ton chant :

Si nous tirons…

Grand-père Siset ne dit plus rien, un mauvais vent l’a emporté Lui seul sait vers quel lieu, et moi, je reste sous le porche. Et quand passent d’autres gens, je lève la tête pour chanter Le dernier chant de Siset, le dernier qu’il m’a appris.

Si nous tirons…