Le Galion

Nous sommes la chiourme anémique D'une galère infâme Sur laquelle la mort Moissonne par famine lente.

Jamais sur d'horizons limpides L'aurore ne s'ouvre, et sur le pont sordide La sentinelle hurle toujours.

Nos jours s'envolent Dans d'infectes carènes, nous sommes de pâles et maigres esclaves Chargés de chaînes de fer.

Pourquoi, esclaves gémissants, Continuer à ramer ? Mieux vaut mourir entre les flots sur la blanche écume de la mer.

Ramons jusqu'a ce que le navire Se brise sur les écueils Hissez le rouge et noir Dans les hurlements du vent !

Et que je sois un lit compatissant L'onde écumante et fumante Mais que se lève un jour sur ces martyrs Le soleil de l'anarchie.

Dedout esclaves aux armes ! Combattont de toute la force de nos bras ! Jurons nous justice Et liberté ou la mort !