Poète et révolutionnaire, né à Paris, dessinateur sur étoffes, Pottier écrit le poème qui deviendra les paroles de l'Internationale en juin 1871, en pleine répression versaillaise de la Commune de Paris. Il était destiné à être chanté sur l'air de la Marseillaise.

En 1888, l'ouvrier lillois Pierre Degeyter met ce poème en musique.

En 1899, lors du Congrès de Japy, elle devient l'hymne du mouvement ouvrier français.

À partir du congrès d'Amsterdam de la IIème Internationale en 1904, L'Internationale s'internationalise et devient le chant traditionnel du mouvement ouvrier mondial, l'hymne des travailleurs.

L'Internationale n'est pas chantée que par les communistes mais aussi (dans beaucoup de pays) par les socialistes ou des sociaux-démocrates et par les syndicats. Ce fut même l'hymne de ralliement des étudiants et des travailleurs sur la place Tian'anmen en 1989.

Il fut l'hymne national de l'URSS jusqu'en 1944 et est toujours l'hymne de la majorité des organisations socialistes de tendance marxiste ou communiste, dans une version la plupart du temps expurgée.

Dans de nombreux pays d'Europe, ce chant a été illégal durant des années du fait de son image communiste et anarchiste et des idées dont elle faisait l'apologie. Plus tard, les groupes anarchistes utiliseront plus volontiers une adaptation :

L'Internationale noire

Debout les damnés de la terre ! Les despotes épouvantés Sentant sous leurs pas un cratère, Au passé se sont acculés. Leur ligue folle et meurtrière Voudrait à l'horizon vermeil Eteindre l'ardente lumière Que verse le nouveau soleil,

Refrain

Debout, debout, les damnés de la terre ! Ceux qu'on écrase en les charniers humains, Debout, debout, les forçats de misère ! Unissons-nous, Latins, Slaves, Germains. Que la troisième République Se prostitue au tsar pendeur ; Qu'une foule extralunatique Adore l'exterminateur !

Puisqu'il faut que tout disparaisse, Peu nous importe ! C'est la fin, Partout les peuples en détresse S'éveillent se donnant la main,

Bons bourgeois que César vous garde, César aux grands ou petits bras : Pape, République batarde ; les tocsins sonnent votre glas Rois de l'or hideux et féroces. Les fiancés que vous tuez Demain auront de rouges noces. Tocsins, tocsins, sonnez, sonnez.

Les potentats veulent la guerre Afin d'égorger leurs troupeaux : Pour cimenter chaque frontière Comme on consacrait les tombeaux. Mais il vient le temps d'Anarchie Où, dans l'immense apaisement, Loups de France et de Sibérie, Loups humains jeûneront de sang,

1ère version

C'est la lutte finale: Groupons-nous, et demain, L'Internationale Sera le genre humain.

Debout! l'âme du prolétaire! Travailleur groupons nous enfin. Debout! les damnés de la terre! Debout! les forçats de la faim! Pour vaincre la misère et l'ombre. Foule esclave, debout! debout! C'est nous le droit, c'est nous le nombre Nous qui n'étions rien, soyons tout.

Il n'est pas de sauveurs suprêmes: Ni Dieu, ni César, ni tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes! Travaillons au Salut Commun. Pour que le voleur rende gorge, Pour tirer l'esprit du cachot, Allumons notre grande forge, Battons le fer quand il est chaud!

Les rois nous soûlaient de fumées, Paix entre nous, guerre aux tyrans! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs! Bandit, prince, exploiteur ou prêtre Qui vit de l'homme est criminel; Notre ennemi c'est notre maître Voilà le mot d'ordre éternel.

L'engrenage encore va nous tordre; Le Capital est triomphant; La mitrailleuse fait de l'ordre En hachant la femme et l'enfant. L'Usure folle en ses colères, Sur nos cadavres calcinés, Soudé à la grève des salires La grève de assassinés.

Ouvriers, paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs; La terre n'appartient qu'aux hommes, L'oisif ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent! Si les corbeaux, si les vautours, Un de ces matins, disparaissent... Le terre tournera toujours!

Qu'enfin le passé s'engloutisse! Qu'un genre humain transfiguré Sous le ciel clair de la justice Mûrisse avec l'épi doré! Ne crains plus les nids de chenilles Qui gâtaient l'arbre et ses produits. Travail étends sur nos familles Tes rameaux tout rouges de fruits.

C'est la lutte finale: Groupons-nous, et demain, L'Internationale Sera le genre humain.

2e version

C'est la lutte finale: Groupons-nous, et demain, L'Internationale Sera le genre humain.

Debout! les damnés de la terre! Debout! les forçats de la faim! La raison tonne en son cratère, C'est l'éruption de la fin. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout! debout! Le monde va changer de base: Nous ne sommes rien, soyons tout!

Il n'est pas de sauveurs suprêmes: Ni Dieu, ni César, ni tribun, Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes! Décrétons le salut commun! Pour que le voleur rende gorge, Pour tirer l'esprit du cachot, Soufflons nous-memes notre forge, Battons le fer quand il est chaud!

L'État comprime et la loi triche; L'Impôt saigne le malheureux; Nul devoir ne s'impose au riche; Le droit du pauvre est un mot creux. C'est assez languir en tutelle, L'Égalité veut d'autres lois; "Pas de droits sans devoirs," dit-elle, "Égaux, pas de devoirs sans droits!"

Hideux dans leur apothéose, Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail: Dans les coffres-forts de la bande Ce qu'il a créé s'est fondu. En décrétant qu'on le lui rende Le peuple ne veut que son dû.

Les rois nous soûlaient de fumées, Paix entre nous, guerre aux tyrans! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs! S'ils s'obstinet, ces cannibales, A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balle Sont pour nos propres généraux.

Ouvriers, paysans, nous sommes Le grand parti des travailleurs; La terre n'appartient qu'aux hommes, L'oisif ira loger ailleurs. Combien de nos chairs se repaissent! Mais, si les corbeaux, les vautours, Un de ces matins, disparaissent, Le soleil brillera toujours!

C'est la lutte finale: Groupons-nous, et demain, L'Internationale Sera le genre humain.