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histoire
Posted mardi 15 avril 2014 à 20:17
Le Père Lapurge
Je suis le vieux Père Lapurge, Pharmacien de l’humanité ; Contre sa bile je m’insurge Avec ma fille Égalité. J’ai ce qu’il faut dans ma boutique Sans le tonnerre et les éclairs, Pour bien purger toute la clique Des affameurs de l’univers.
La la la la la la la la la la la
Son mal vient des capitalistes Plus ou moins gras, à la ronger, En avant, les gars anarchistes, Fils de Marat, faut la purger. J’ai du pétrole et de l’essence Pour badigeonner les châteaux ; Des torches pour la circonstance, À mettre en guise de flambeaux
La la la la la la la la la la la
J’ai du picrate de potasse, Du soufre et du chlore en tonneaux, Pour assainir partout où passent Les empoisonneurs de cerveaux. J’ai des pavés et de la poudre, De la dynamite à foison, Qui rivalise avec la foudre Pour débarbouiller l’horizon.
La la la la la la la la la la la
Le gaz est aussi de la fête : Si l’on résiste à mes joyaux, Au beau milieu de la tempête, Je fais éclater ses boyaux. J’ai poudre verte et mélinite ; De fameux produits, mes enfants, Pour nous débarrasser plus vite De ces mangeurs de pauvres gens.
La la la la la la la la la la la
J’ai pour les gavés de la table La bombe glacée à servir Du haut d’un ballon dirigeable Par les toits, pour les rafraîchir. Voleuse et traître bourgeoisie, Prêtres et bandits couronnés, Il faut que d’Europe en Asie, Vous soyez tous assaisonnés.
Une chansonnette écrite vers 1885 par Constant Marie (1838 — 1910), ancien communeux, maçon reconvertit à la cordonnerie.
Cette chanson, très en vogue dans les milieux libertaires parisiens de l'époque, lui vaudra le surnom, forcément, de Père Lapurge.
Constant Marie reste, à mon sens, un chansonnier emblématique qui reste un travailleur tout en étant un propagandiste infatigable. On lui doit aussi les chansons : La dynamite et vive la canaille !
On peut noter que cette chanson nait presque 7 ans avant la vague d'explosions en tout genre des années de propagande par le fait qui mènera Ravachol, Vaillant, Henry et d'autres à la guillotine… Les roussins feront alors quelques misères à Constant Marie mais finiront par le reconnaître incapable de faire sauter quoique ce soit.
Le Père Lapurge reste quand même une belle marmite à chanter devant tous les commissariats…