Le Pieu

Grand-père Siset me parlait ainsi de bon matin sous le porche Tandis qu’en attendant le soleil nous regardions passer les charrettes. Siset, ne vois-tu pas le pieu où nous sommes tous attachés ? Si nous ne pouvons nous en défaire, jamais nous ne pourrons avancer !

Si nous tirons tous, il tombera, cela ne peut durer plus longtemps C’est sûr il tombera, tombera, tombera, bien vermoulu il doit être déjà. Si tu le tires fort par ici, et que je le tire fort par là C’est sûr, il tombera, tombera, tombera, et nous pourrons nous libérer.

Mais Siset, ça fait déjà bien longtemps, mes mains à vif sont écorchées ! Et alors que les forces me quittent, il est plus large et plus haut. Bien sûr, je sais qu’il est pourri, mais, aussi, Siset, il est si lourd ! Que parfois les forces me manquent. Reprenons donc ton chant :

Si nous tirons…

Grand-père Siset ne dit plus rien, un mauvais vent l’a emporté Lui seul sait vers quel lieu, et moi, je reste sous le porche. Et quand passent d’autres gens, je lève la tête pour chanter Le dernier chant de Siset, le dernier qu’il m’a appris.

Si nous tirons…